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Territoires
politiques et territoires de l’action :
quels nouveaux modes de régulation ?
Journée ADES du 24/03/05
Recompositions
territoriales : l’exemple de la culture
Yves Raibaud
Ce n’est pas un très bon titre : évidemment la culture
n’est pas un exemple des recompositions territoriales, ni pour
les recompositions territoriales ! On aurait pu dire « le rôle de la
culture dans les recompositions territoriales », c’est d’ailleurs le
titre d’un intéressant rapport remis en 2003 par l’Observatoire des
politiques culturelles (OPC) de Grenoble. Mais il faudrait avoir la
candeur de croire que la décentralisation culturelle a cessé de
déconstruire les territoires culturels pour se mettre subitement au
service de nouvelles cohérences géographiques. Il faudrait croire
également que les institutions chargées de mettre en œuvre cette
décentralisation sont devenues capables de participer à la définition
de « territoires culturels pertinents ». Ce qui peut se concevoir à
l’échelon du département, serait une véritable « révolution culturelle »
pour les services déconcentrés de l’Etat !
Plusieurs autres titres viennent à l’esprit :
-
Gouvernance culturelle (dans ce cas on
attribue à la force publique l’intention de réguler le territoire
par la culture, entre violence symbolique et négociation),
-
Compromis culturel (entre les
permanences, les émergences et la gestion culturelles des
territoires, il y aurait des disputes puisant leurs arguments dans
divers ordres de grandeurs et des solutions médianes caractérisant
en définitive chaque territoire),
… mieux
vaut peut-être, en paraphrasant le sociologue Antoine Hennion, poser la
question : « comment la culture vient aux territoires ? » au sens de
« comment advient-elle aux territoires ? » ce qui permet de laisser « un
peu de mou » à l’étude et un peu de liberté aux chercheurs.
1.
D’un appel
d’offre sur la « géographie de l’offre culturelle…. »
Avant de présenter quelques résultats et les pistes qui
s’ouvrent, il faut rappeler que notre travail de recherche s’inscrit
dans la continuité du travail réalisé au sein de l’équipe Intermet
(aujourd’hui Ades) entre 1999 et 2001 en réponse à un appel d’offre du
ministère de la Culture pour une « géographie de l’offre culturelle »
préalable à la réalisation d’un atlas des activités culturelles proposé
par la Direction de l’étude et de la prospective (DEP) du ministère de
la Culture. L’appel d’offre de la DEP se situe dans la continuité du
chantier inauguré en 1973 par Augustin Girard, poursuivi depuis par
Olivier Donnat, qui a donné l’imposante somme documentaire des
« pratiques culturelles des français ». L’étude sur les pratiques
culturelles des français est contemporaine de ces « pavés dans la mare »
qu’ont été la Reproduction (Bourdieu et Passeron 1970) et la Distinction
(1979). La mesure quantitative des pratiques culturelles des français,
si elle ne démontre pas que la démocratisation culturelle a quelque
chance d’arriver à ses fins, a le mérite de mesurer régulièrement les
inégalités dans « l’accès à la culture » de plus en plus considéré comme
un droit.
La commande de nouveaux outils pour analyser les
inégalités territoriales et les variations régionales est donc à
l’origine de notre travail. Une des réponses possibles, celle des
équipes de Reims et Grenoble (Thiriot, 2003) consiste à proposer une
analyse territoriale de l’offre artistique et patrimoniale sous trois
aspects :
-
La localisation de l’offre (mais
qu’est-ce que l’offre ? réponse : essentiellement celle qui est
proposée par des équipements structurants),
-
Son rayonnement (mais qu’est-ce que son
rayonnement ? réponse : sa zone de chalandise et l’analyse des
retombées médiatiques),
-
Ses réseaux (mais qu’est-ce que ses
réseaux ? essentiellement ceux qui fonctionnent autour des artistes
créateurs et des fonctionnaires de la culture pour des transactions
symboliques avec le champ de la sphère politique/administrative
et/ou celui de la sphère financière (mécénat.).
On retrouve dans l’ouvrage de Fabrice Thiriot l’idée
assez répandue que l’offre artistique et culturelle est une production
dérivée des infrastructures géoéconomiques, qu’elle est concentrée de
façon régulière sur des places centrales caractérisées par le
rayonnement de leurs équipements culturels, les réseaux urbains se
hiérarchisant en fonction des services proposés. Ce cadre introduit
logiquement une description de l’intervention publique, censée
accompagner les régularités et corriger les déséquilibres. La
possibilité d’une autonomie du champ culturel n’est pas envisagée, pas
plus que l’hypothèse d’une offre culturelle actrice de la formation des
territoires autant que conséquence de ses déterminants structurels.
Enfin la référence à l’identité (qui apparaît de façon récurrente
lorsque la culture est utilisée par les Pays et les intercommunalités
pour argumenter la pertinence de leurs périmètres et la légitimité de
leurs projets) est peu valorisée dans ce travail.
2 …à
une recherche sur la culture et les territoires
Notre équipe a de son côté répondu à la commande par un
rapport de recherche baptisé « les territoires de l’Art vivant », qui
s’est concrétisé par la réalisation du n°8 de la revue Sud-Ouest
Européen intitulé « Géographies culturelles » et par la publication en
2004 en collaboration avec le Gresoc de l’Université de Toulouse-Le
Mirail d’un ouvrage collectif « Perspectives territoriales pour la
culture ».
Premier postulat : la région
est un échelon pertinent pour étudier les phénomènes culturels entre une
géographie culturelle qui étudie les permanences existant entre une
portion d’espace et une culture considérée comme relativement stable et
des politiques publiques de la culture considérée de plus en plus
souvent comme nécessaires au développement territorial. Les liens entre
les deux approches méritent d’être mieux cernés pour s’enrichir
mutuellement (Augustin et Berdoulay).
Deuxième postulat : on constate
une stagnation de la démocratisation culturelle, les études montrent que
les freins à l’accès à la culture restent toujours aussi importants.
Face au désenchantement des professionnels de l’action culturelle, il
convient de renouveler les perspectives en ouvrant les espaces publics
de la culture et en posant l’hypothèse qu’ils sont coproduits avec les
usagers (Augustin et Lefebvre). Cette dynamique, peu envisagée, est déjà
à l’œuvre dans de nombreux cas. Nous l’avons étudiée dans l’émergence
d’une forme de culture populaire venue du rock qui tend à s’instituer
sous l’appellation de musiques actuelles ou musiques amplifiées (Raibaud,
2005). L’étude des cultures émergentes au stade de leur
institutionnalisation induit une approche historique et stratégique qui
est probablement reportable aux formes culturelles légitimes, elles
aussi contingentes et historiquement datées.
Troisième postulat : les
cultures dites « émergentes » ont à voir avec les transformations des
espaces vécus, qu’elles peuvent peut-être expliquer ou interpréter ;
mais on peut supposer également qu’elles participent à la construction
des territoires (par exemple, on posera la question de savoir si la
banlieue existe sans le hip-hop, autrement dit si le hip-hop participe à
la construction de la banlieue)
Le préalable posé est que la culture sur les territoires
n’est pas immanente ni spontanée, mais qu’elle n’est pas non plus une
simple conséquence des déterminants géo-socio-économiques et d’une
volonté politique fondée sur le principe de l’égalité sociale et
territoriale. Cela rejoint l’hypothèse de l’instance culturelle comme
superstructure partie prenante de la formation sociospatiale des
territoires (Di Méo, 1998). Cette hypothèse permet de proposer qu’il
existe une certaine autonomie du champ artistique et plusieurs fonctions
de la culture (objet de consommation mais aussi, par exemple, facteur
d’intégration ou productrice de normes et de valeurs).
3. Musiques amplifiées et
territoires
Une fois ces postulats posés, la recherche commence par
la question : comment ça marche ? Comment la culture vient-elle au
territoire ?
Plutôt que de rentrer sur le terrain de la définition
« qu’est-ce que la culture ? qu’est-ce qui n’en est pas ? » sujet aussi
inépuisable pour les sociologues que la question « qu’est-ce que le
territoire ? » pour les géographes, nous avons pris la voie tracée par
Matthieu Béra et Yvon Lamy (Béra et Lamy, 2003) d’une « sociologie du
bien culturel » qui se fonde sur la question de la qualification :
qu’est-ce qui apporte de la valeur au bien culturel ? Quels sont les
critères qui qualifient (trient) ce qui est culturel et ce qui ne l’est
pas ? Qui établit ces critères ? Comment ces critères sont ils éprouvés,
critiqués, amendés ?
L’émergence des musiques amplifiées
Cette approche est particulièrement fructueuse pour
analyser l’émergence des musiques amplifiées au moment où elles
s’organisent en réseau et où elles s’inscrivent dans des politiques
publiques qui se concrétisent par des équipements spécialisés.
Les disputes entre acteurs qui sont préalables au tour de table du
financement de la Rock-School Barbey (Bordeaux) ou du Florida (Agen)
produisent de nouveaux critères de qualification faisant appel à des
ordres de grandeur compatibles avec la culture professionnelle de chaque
service de l’Etat (Jeunesse et Sports, Politique de la Ville, Culture,
Santé, Environnement) et à leurs correspondants aux différentes échelles
territoriales.
La nouveauté des musiques amplifiées est qu’elles entrent
de droit dans les politiques publiques de la culture par la politique de
la ville, c'est-à-dire par le biais d’un dispositif territorialisé. La
qualification culturelle des musiques amplifiées (musiques des jeunes et
des quartiers) est à l’origine une qualification territoriale avant
d’être une qualification esthétique. Les musiques amplifiées – et
au-delà ce qu’on nomme à présent cultures urbaines - sont attachées au
contexte des villes et particulièrement à celui des banlieues.
L’assemblage symbolique entre cultures et territoires se décrit comme un
catalogue des objets culturels qualifiant ces lieux (danse hip-hop,
graff, rap, skate, et leurs déclinaisons en terme d’accessoires) puis
énumère l’ensemble des signifiants valorisés et/ou stigmatisants qui
légitiment l’autorité de celui qui les attribue et emporte l’adhésion de
ceux qui les acceptent. L’ensemble de ces objets culturels est
indissociable de leur représentation dans un cadre urbain : la barre
d’immeuble, les cages d’escalier, les parkings, les grillages…
Les leaders des musiques amplifiées et/ou des cultures
urbaines, porte-paroles des jeunes et des quartiers fragiles, deviennent
les acteurs de la construction de la banlieue par leur capacité à mettre
en œuvre une technologie de l’intervention culturelle simple et
communicante. Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, que des jeunes
s’emparent de ce qui leur est proposé pour en faire un outil de
promotion personnelle et de création artistique.
Cette première approche (comment le rock vient à la
ville, comment le hip-hop vient à la banlieue) propose l’idée que la
culture est une globalité et s’inscrit dans une chaîne interactive de
production (Becker, 1988) dont la production de territoire est une des
conséquences.
4. Action culturelle en
Gironde : l’Iddac
Depuis plusieurs années notre équipe de recherche a établi
des rapports cordiaux avec le Conseil général de la Gironde puis avec
l’Institut départemental de développement artistique et culturel de la
Gironde (Iddac) qui se sont concrétisés par plusieurs rapports d’études
(citons en particulier « la Gironde spectaculaire » par Michel Favory),
mais aussi des synthèses de journées d’études sur la lecture publique,
les arts du cirque, la chanson française, le conte organisés par l’Iddac
dans les petites villes et chefs-lieu de canton « animateurs des pays
locaux » (Pauillac, Saint-André de Cubzac, Libourne,
Castillon-la-Bataille) ou encore l’animation d’ateliers culturels
décentralisés censés favoriser la mise en place de coordinations
culturelles locales.
Dans ce paysage qui se modifie d’année en année sous
l’effet des lois de décentralisation,
le CG et l’Iddac transforment leurs pratiques qui deviennent
régulatrices et de moins en moins normatives. L’Iddac est l’héritier de
plusieurs époques de la décentralisation culturelle : le Centre d’action
culturelle de l’Ouest-aquitain (St-Médard-en-Jalles), l’Association de
diffusion et d’animation musicale créée dans la foulée du plan Haby-Landowski
à la fin des années 1970, devenu le CDC (Conseil départemental de la
culture) juste après les premières lois de décentralisation, lui-même
« fusionné » brièvement avec le Conseil départemental du tourisme (CDT),
puis transformé en Centre culturel départemental installé à
St-Médard-en-Jalles dans la banlieue de Bordeaux, puis quittant
St-Médard-en-Jalles avec de nouvelles missions au sein d’un Iddac
« animateur culturel » des territoires girondins. Le discours idéaliste
des animateurs du CDC sur la démocratisation culturelle au début des
années 1980 a cédé peu à peu le terrain au compromis local jusqu’à une
position de neutralité que François Pouthier, directeur de l’Iddac,
exprimait en 2003 à Tauriac, lors d’un séminaire réunissant les acteurs
culturels de la Haute-Gironde, de la façon suivante : « pas de recettes,
pas de modèles, une méthodologie pour mettre en place une praxis propre
à chaque territoire en relativisant le débat sur quelle culture ». Cette
évolution n’a pas été toujours heureuse pour les professionnels de la
culture à l’Iddac et au Conseil général de la Gironde écartelés entre
l’explosion de la proposition culturelle locale (parfois ressentie par
eux comme éparpillement et incohérence) et un manque de souplesse de
l’administration déconcentrée (la DRAC) gardienne du dogme de la
démocratisation culturelle au nom de l’unité de l’Etat et de la
République.
5.
Culture, territoires de projet et périmètres pertinents
Dans ce contexte la mise en place des intercommunalités
et des Pays est révélatrice d’un état de rupture dans les politiques
culturelles : l’Etat, même déconcentré, apparaît progressivement
dépossédé de la maîtrise des processus et des critères de qualification
culturelle par la nécessité qu’ont ces nouvelles entités d’argumenter la
pertinence de leurs périmètres et la légitimité de leurs projets en
utilisant pour eux-mêmes les discours symboliques empruntés au langage
de la culture. Les chartes de Pays dans le département de la Gironde
sont caractéristiques de cet état de fait
1.
Par la
façon dont elles invoquent le patrimoine (culturel, environnemental,
bâti) pour justifier la pertinence du périmètre (« de tous temps à
jamais le Médoc… terre d’eau et de forêt… peuplé de chasseurs et de
cueilleurs…presqu’île entre océan et estuaire qui a profondément forgé
l’âme médocaine, etc. »)
2.
Par la
nécessité de définir le Pays comme un outil de mobilisation des acteurs
au sein d’un « territoire de projet ». La difficulté de mettre en place
des communautés de communes fondées sur la mise en commun des moyens
(qui introduit le calcul des coûts et avantages du passage à l’action
collective) peut être dépassée par un projet de pays associant les
« forces vives » dans des conseils de développement dans lesquelles les
associations culturelles sont souvent des éléments moteurs.
3.
Les petites
villes et chefs lieux de canton « animateurs des projets locaux »
peuvent enfin mener des stratégies pour jouer leur rôle de centralité
locale en développant un créneau culturel qui les distinguent à
l’échelle départementale et régionale et peuvent les inscrire dans une
répartition des compétences culturelles.
On perçoit l’intérêt de
mener une recherche sur des bases renouvelée si l’on veut comprendre
comment s’organisent peu à peu les processus de qualification culturelle
et territoriale sur les micro-territoires girondins. Le cœur de la
dialectique géographie culturelle/politiques publiques de la culture
peut s’observer sur ces petits objets d’études, au moment où se fondent
les compromis locaux qui vont participer à l’émergence de nouvelles
formes de territorialités.
Exemples
-
Disputes et compromis : l’exemple de la
résidence d’artistes de Pujols/s/Dordogne, les résidences d’artistes
en Dordogne,
-
Léo Drouyn : la publication de l’œuvre
intégrale d’un peintre-historien du patrimoine girondin au XIXème
sièce et sa réception par les élus locaux,
-
Stratégies culturelles des petites
villes : chanson à St-André-de-Cubzac, cirque à Boulazac, arts de la
rue à Libourne,
-
Choix des costumes et des bannières par
une confrérie vineuse à Ste-Foy-la-Grande,
-
Le renouveau du conte entre tradition,
création et médiation et son développement comme alternative
artistique sur les équipements émergents et les territoires
délaissés,
Une de nos hypothèses est que cette nouvelle matrice de
l’action culturelle décentralisée a des conséquences sur le plan de
l’offre culturelle et artistique.
La première commence au jour où les Pays se nomment et
procède d’une démarche qu’on pourrait qualifier de postmoderne. Le
patrimoine, comme le soulignent un rapport pour l’OPC de Grenoble,
redevient le premier support de l’action culturelle, détrônant l’artiste
créateur, son rôle d’avant-garde des mouvements sociaux, l’idée de
déconstruction créatrice, etc. La centralité de l’artiste créateur ne
résiste pas au désengagement idéologique de l’Etat, même s’il existe sur
les territoires ruraux des militants pour l’action culturelle assurés
par les relais institutionnels de la métropole bordelaise (musées d’art
contemporain, théâtre et danse subventionnés, opéra, écoles nationales,
conservatoires etc.).
La seconde est la forte pression des associations
culturelles sur les élus locaux, notamment chaque fois qu’elles se
professionnalisent. Le rôle non négligeable des acteurs culturels
(artistes, médiateurs, associations…) dans la construction d’identité
induit une montée en puissance du travail culturel sur des territoires
économiquement délaissés qui attirent de façon symétrique une offre
culturelle en plein développement. Les élus locaux, de leur côté,
doivent gérer « en bons pères de famille » la pénurie de financements
publics. Françoise Liot et Yvon Lamy ont perçu cette évolution en
étudiant les résidences d’artistes sur le département de la Dordogne.
« Dans le milieu rural, les actions acquièrent une visibilité forte et
doivent faire preuve d’une certaine efficacité sociale. Les opérations
engagées doivent tenir compte des préoccupations de la population et, à
ce titre, ne peuvent être indépendantes ni des questions
socioéconomiques liées au développement local, ni des questions
politiques de satisfaction des administrés » (id, p.218). On devine
derrière ces évolutions la montée en charge d’une demande locale de
« travail culturel » organisé par des acteurs locaux, élus et animateurs
qui ne revendiquent pas une compétence artistique mais une compétence
gestionnaire dans la transformation de la production artistique. Dans un
contexte où «le travail intermittent a connu une fragmentation
grandissante et la concurrence s’est faite plus vive entre un nombre
croissant d’artistes obtenant des parts moins importantes de travail »
(Menger, 2002, p.94), les artistes ne posent guère de conditions.
L’artiste apparaît ainsi comme un travailleur inscrit dans le plus
classique des rapports de production.
6.
Perspectives
Il s’agit aujourd’hui de travailler sur des hypothèses et
des pistes de recherche. Depuis quelques années, les outils théoriques
pour lire les rapports entre culture et territoire se précisent, et la
recherche bordelaise n’est pas en retard dans ce domaine en nous offrant
une réelle complémentarité interdisciplinaire. Ce sont les travaux de
Yvon Lamy sur le patrimoine puis sur la décision culturelle dans le
cadre local, puis sur les processus de qualification culturelle. Ce sont
les travaux de Guy Di Méo sur la géographie sociale des territoires et
la géographie de la fête, l’outil de la formation sociospatiale des
territoires qui propose une définition pour une instance culturelle
partie prenante de la FSS ; les travaux de Claude Sourbet sur les villes
moyennes, de Michel Favory sur l’aménagement culturel du territoire, les
monographies de François Chazel et Françoise Taliano-des Garrets sur la
vie culturelle de Bordeaux, de Jean-Paul Callède sur celle de Bergerac,
de Françoise Liot sur la professionnalisation des artistes plasticiens
d’Aquitaine etc. L’intérêt de Jean-Pierre Augustin pour le thème de la
culture et des territoires nous permet de transposer tout un travail de
descriptions et d’analyse sur les jeunes dans la ville d’une part, la
géographie du sport d’autre part aux phénomènes culturels. Il est vrai
que dans le domaine des cultures émergentes, la frontière est mince
entre les territoires du surf et la musique techno, le rap et le skate,
et que ces pratiques émergentes interrogent de façon symétrique
l’olympisme et la démocratisation culturelle. C’est peut-être ce
positionnement innovant qui nous permet de nous distinguer d’équipes
anciennes et fournies comme celle de l’OPC de Grenoble qui ont une
avance considérable dans la recherche et la publication sur la culture,
grandement aidés par la présence depuis une vingtaine d’années de DESS
d’ingénierie, d’administration ou de développement culturel. La
proposition de développer des recherches dans ce que notre collègue Joël
Pailhé propose de nommer « une géographie sociale de la culture » me
paraît être un bon moyen de trouver des espaces de collaboration
interdisciplinaires conforme au projet de Adès.
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